Décès d’un travailleur chez Alcoa – Aluminerie de Deschambault SEC : la CNESST dévoile les résultats de son enquête
Québec, le 15 juin 2016
Le 15 août 2015, M. Emmanuel Bouillé, un opérateur au centre de coulée d’Alcoa – Aluminerie de Deschambault SEC, perdait la vie au travail. Il a été écrasé par un chariot élévateur alors qu’il effectuait le déplacement d’un creuset avec un pont roulant. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause une méthode de travail qui ne permettait pas à l’opérateur de pont roulant d’être protégé d’un contact possible avec un chariot élévateur lors des déplacements de creusets.
L’opérateur de pont roulant heurté pendant la manœuvre de recul
Le 15 août 2015 vers 3 h 20, alors que M. Bouillé était au poste d’opérateur de pont roulant et commençait la levée d’un creuset près de la salle de contrôle, un cariste a débuté une manœuvre de recul à proximité. Ce dernier regardait par la caméra de recul du chariot élévateur avant de faire marche arrière. Pendant cette manœuvre, l’opérateur de pont roulant n’a pas entendu l’alarme de recul et a été heurté, puis écrasé par le chariot élévateur auquel il faisait dos. Les services d’urgence ont été appelés et les premiers soins lui ont été prodigués jusqu’à l’arrivée des ambulanciers. M. Bouillé a ensuite été transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, un cariste effectuant une manœuvre de recul a écrasé un opérateur de pont roulant positionné dans son angle mort. Ensuite, la méthode de travail utilisée pour les déplacements de creusets avec le pont roulant au centre de coulée était déficiente, car elle ne permettait pas à l’opérateur de pont roulant d’être protégé d’un contact possible avec un chariot élévateur.
La CNESST exige des correctifs
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation de chariots élévateurs dans le centre de coulée lorsque le pont roulant est utilisé. Elle a également exigé l’élaboration d’un plan d’action visant la mise en place de mesures de sécurité permanentes afin de contrôler le risque de contact entre un chariot élévateur et un opérateur de pont roulant au centre de coulée. L’employeur ayant fait l’installation de deux glissières de sécurité en béton et soumis le plan d’action requis, l’interdiction a été levée.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle qu’en raison de la configuration du chariot élévateur, la présence d’angles morts dans le champ de vision du cariste demeure toujours préoccupante et nécessite une attention particulière. L’utilisation d’une caméra de recul facilite la vision de certaines zones, mais demeure un accessoire et, à elle seule, n’offre pas une vision globale permettant d’assurer une manœuvre de recul sécuritaire. Il est donc important de toujours s’assurer, particulièrement lorsqu’il y a présence de piétons à proximité lors d’une manœuvre, la mise en place de toutes les mesures nécessaires pour éliminer les risques à la source.
Rappelons qu’en vertu de la loi, tout employeur a l’obligation de veiller à ce que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens requis pour les éliminer ou les gérer.
Au Québec, depuis 5 ans, 28 travailleurs sont décédés après avoir été heurtés par un véhicule ou de l’équipement mobile. Seulement dans la région de la Capitale-Nationale, deux travailleurs ont perdu la vie dans de tels accidents.