Accident mortel à la Ville de Chibougamau : la méthode de travail pour l’utilisation de la découpeuse à disque est en cause
Saguenay, le 24 février 2016
Le 1er septembre 2015, Mario Petit, journalier spécialisé au Service des travaux publics de la Ville de Chibougamau, subit un grave accident de travail qui entraînera son décès deux jours plus tard. Alors que M. Petit se trouve sur un chantier du boulevard Hamel Ouest, il perd le contrôle de la scie qu’il opère. L’outil est projeté dans les airs et lui lacère le cou en retombant. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) identifie, comme cause de l’accident, une méthode de travail dangereuse.
La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête et rappelle à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien identifier les dangers et d’informer les travailleurs afin qu’ils aient les connaissances et les habiletés nécessaires pour effectuer leurs tâches de façon sécuritaire. Rappelons qu’entre 2010 et 2014, au Québec, 37 travailleurs sont décédés après avoir été frappés par un objet.
La pièce à couper n’est pas supportée
Le jour de l’accident, le travailleur s’affaire à couper un tuyau au fond d’une excavation. Il termine la deuxième coupe d’une section de conduite qu’il doit retirer pour installer un raccord. Au moment où la section coupée se décroche, celle-ci s’appuie sur le disque et le coince une fraction de seconde. La scie se cabre, est brusquement projetée en l’air, puis retombe sur le travailleur encore penché vers l’avant. Vous pouvez voir un croquis du tuyau brisé, ci-contre.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CNESST d’identifier deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, le disque en rotation de la découpeuse a frappé le travailleur au cou. Ensuite, la méthode de travail utilisée a occasionné un coincement partiel du disque. Comme la section de conduite à couper n’était pas supportée, au moment où elle s’est décrochée, elle a appuyé sur le disque, qui se trouvait toujours dans la fente de coupe. Ce coincement du disque a provoqué un rebond incontrôlable de la scie, qui a alors été projetée violemment dans les airs.
La CNESST exige une méthode de travail sécuritaire pour l’utilisation des scies à disque
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation des scies à disque à la Ville de Chibougamau jusqu’à ce que l’employeur définisse une méthode de travail sécuritaire et forme ses travailleurs à cet effet.
En lien avec cet accident, la CNESST a délivré à l’employeur, la Ville de Chibougamau, un constat d’infraction. Pour ce type d’infractions, le montant de l’amende varie de 16 124 $ à 64 495 $ pour une première offense, et de 32 248 $ à 161 240 $ en cas de récidive.
Comment éviter un tel accident
Outils fort répandus dans plusieurs secteurs d’activité, les découpeuses à disque présentent des risques. Pour prévenir la survenue d’un tel accident, il faut s’assurer d’appliquer en tout temps les recommandations du fabricant, notamment de fixer solidement l’objet à découper de telle sorte que la coupe reste bien ouverte au cours du travail, et ce, jusqu’à la fin du découpage, quand les sections se séparent.
Pour en savoir plus, consultez cet avis de danger sur les découpeuses à disque: http://cnesst.gouv.qc.ca/salle-de-presse/communiques/Documents/avis.pdf.
Mesures de prévention
Afin de sensibiliser les milieux de travail, la CNESST diffusera les conclusions de son enquête aux associations suivantes : l’Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, l’Association de la construction du Québec, l’Association de location du Québec, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructures, l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec, l’Association des paysagistes professionnels du Québec, ainsi qu’aux fabricants de découpeuses à disque et à Santé Canada.
Depuis 5 ans, au Québec, 37 travailleurs sont décédés après avoir été frappés par un objet.