Accident mortel à Saint-Hyacinthe avec une scie à béton : la CSST conclut au coincement du quart supérieur de la lame
Saint-Hyacinthe, le 6 octobre 2015
Le 22 avril 2015 à Saint-Hyacinthe, M. André Chagnon, propriétaire des Entreprises André Chagnon, perd la vie au travail, atteint mortellement au cou par une scie à béton, alors qu’il scie un perron. Le coincement du quart supérieur de la lame, qui a provoqué un cabrage violent de la scie, est entre autres à l’origine de l’accident.
La CSST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête afin de rappeler aux employeurs et aux travailleurs l’importance de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour éviter les accidents liés aux scies à béton. Cet outil est utilisé sur de nombreux chantiers routiers, commerciaux et résidentiels du Québec. Rappelons qu’en 2014, au Québec, 57 personnes ont perdu la vie au travail.
La scie se coince et se cabre
Le jour de l’accident, à une résidence de la rue Saint-Pierre Est, à Saint-Hyacinthe, M. André Chagnon travaille seul à démolir un perron en béton. Pour ce faire, il découpe l’une des parois verticales du perron à l’aide d’une scie à béton. Pendant cette coupe, la lame se coince entre les deux sections de béton, la scie se cabre vers M. Chagnon et le heurte au cou. Peu après, on retrouve son corps inanimé. Il est transporté à l’hôpital, où son décès est constaté.
Mieux identifier les dangers
L’enquête de la CSST a permis de retenir deux causes pour expliquer l’accident. Premièrement, la méthode de travail a entrainé le coincement de la lame de la scie. En effet, la coupe d’une paroi verticale exposait la lame à un coincement au moment où une section du perron cédait sous son poids. Le protecteur de la lame était relevé et le quart supérieur de la lame était ainsi utilisé pour couper de haut en bas la section du perron. De telles conditions ont entrainé le coincement de la partie supérieure de la lame. Deuxièmement, le coincement de cette partie lors de la coupe a provoqué un cabrage violent de la scie.
Le cabrage d’une scie à béton : impossible à retenir
Contrairement à la croyance populaire, il n’est pas possible de retenir le cabrage d’une scie à béton qui se coince. Lorsqu’il y a coincement, la scie peut être projetée vers l’opérateur à grande vitesse et avec beaucoup de force. Par exemple, en moins de 0,2 seconde, la force que le travailleur doit retenir peut passer de 3,37 à 130 kg, ce qui est bien au-delà des capacités humaines. Le mouvement de la scie à ce moment est imprévisible pour le travailleur.
Pour prévenir ce type d’accidents, la CSST rappelle aux employeurs et aux travailleurs l’importance de bien évaluer les dangers avant le début des travaux afin, notamment, d’éliminer la possibilité d’un cabrage. Il importe de planifier l’ordre des coupes et d’assurer la stabilité des pièces à couper. L’utilisation du quart supérieur de la lame d’une scie est à proscrire. Par ailleurs, les travailleurs doivent être formés, notamment sur les recommandations et les mises en garde du fabricant. Ces mesures contribuent à l’utilisation sécuritaire de la scie et à prévenir les accidents. Pour certains travaux, d’autres équipements peuvent servir à la coupe du béton, dans le but de réduire les dangers.
Mesure de prévention
Afin d’éviter la répétition d’événements semblables, la CSST diffusera les conclusions de ce rapport d’enquête à l’Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, à l’Association de la construction du Québec, à l’Association de location du Québec, à l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, à l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructures, à l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec et à l’Association des paysagistes professionnels du Québec. La CSST diffusera aussi le rapport d’enquête aux fabricants de découpeuses à disque et à Santé Canada.
L’an dernier, au Québec, 57 personnes ont perdu la vie au travail.