Accident mortel d’un travailleur de Transport S. Grenier inc. : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Lévis, le 19 décembre 2016
Le 1er mars 2016, Réjean Larose, camionneur chez Transport S. Grenier inc., de Saint-Isidore, a perdu la vie des suites d’un accident du travail survenu à l’entreprise Lactech S.E.C alors qu’il déchargeait du grain provenant de la meunerie d’Agri-Marché inc. Il a fait une chute du haut de la remorque sur laquelle il était monté. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause la supervision déficiente concernant l’utilisation du garde-corps installé sur les remorques.
Le travailleur a chuté au sol d’une hauteur de 3,9 mètres
La nuit de l’accident, M. Larose a pris possession du camion-remorque chez son employeur, Transport S. Grenier, à Saint-Isidore. Il s’est rendu à la meunerie d’Agri-Marché à Saint Lambert de Lauzon pour y charger du maïs à livrer chez Lactech à Lévis. Arrivé à destination, il s’est installé au lieu de déchargement. Au début de l’opération, à 0 h 55, le travailleur est allé porter un prélèvement de la cargaison au technicien au centre de contrôle. Ce dernier lui a signalé que l’écoulement du maïs s’était interrompu. Le travailleur est sorti à l’extérieur afin de vérifier la raison de cet arrêt et de corriger la situation au besoin. Pour ce faire, M. Larose est monté sur le haut de la remorque, à 3,9 mètres du sol. Le technicien a alors constaté que l’écoulement du maïs avait repris.
Par la suite, le technicien a noté qu’il y avait eu deux alarmes de refoulement signalant un trop-plein. À la première alarme, il a réarmé le système. À la seconde alarme, qui a eu lieu à 1 h 31, il lui a été impossible de l’armer de nouveau. Il est sorti à l’extérieur pour avertir le travailleur de faire cesser le déchargement. C’est à ce moment que le technicien a aperçu M. Larose inanimé, face contre terre. Les services d’urgences ont été appelés sur les lieux, et M. Larose a été transporté à l’Hôtel-Dieu-de-Lévis, où son décès a été constaté.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’une part, le travailleur a perdu l’équilibre et a fait une chute de 3,9 mètres alors qu’il se trouvait au-dessus de la remorque. Au cours d’une manœuvre de déblocage du grain effectuée avec une tige d’aluminium, le travailleur a été déstabilisé et a chuté du haut de la passerelle longeant le dessus de la remorque.
D’autre part, la supervision, tant par Transport S. Grenier inc. que par Agri Marché inc. et Lactech S.E.C., concernant l’utilisation du garde-corps installé sur les remorques était déficiente. Agri-Marché et Lactech avaient rédigé et émis une directive à l’intention de tous les travailleurs, livreurs, laveurs et autres utilisateurs des remorques en ce qui a trait à l’utilisation de la « rampe de sécurité » (garde-corps) des remorques de grain. Malgré cette directive, les livraisons de grain et de céréales se déroulaient sans qu’aucune supervision ne soit faite et sans s’assurer du respect de la directive transmise.
Les exigences de la CNESST
À la suite de l’accident, la CNESST a rendu une décision concernant l’employeur, Transport S. Grenier inc. Elle a suspendu les travaux de déchargement du maïs et a exigé que l’employeur établisse une procédure sécuritaire de travail pour que le déchargement de remorques de grain se fasse sans danger de chute de hauteur. L’employeur a aussi dû former et informer les travailleurs sur les méthodes et les techniques pour accomplir ce travail de façon sécuritaire, en plus d’élaborer et de mettre en application une méthode de contrôle pour s’assurer du respect de la procédure. L’employeur s’est conformé aux exigences de la CNESST.
Les sociétés Agri-Marché inc. et Lactech S.E.C. sont des entreprises qui relèvent de la compétence fédérale. Les inspecteurs de la CNESST ont informé Emploi et Développement social Canada de cet accident afin que le Ministère puisse intervenir auprès des deux entreprises.
Depuis 5 ans, au Québec, 45 travailleurs ont perdu la vie des suites d’une chute de hauteur. Uniquement dans la région de Chaudière-Appalaches, trois travailleurs sont décédés en pareilles circonstances.