Accident mortel d’un travailleur d’Environnement Saint-Laurent : la CSST conclut à des lacunes dans la méthode de nettoyage
Saint-Hyacinthe, le 18 novembre 2015
Le 19 mai 2015, Luc Trudel, travailleur pour Environnement Saint-Laurent inc., perd la vie au travail à Sorel-Tracy. Il est blessé mortellement par un jet d’eau sous haute pression alors qu’il s’affaire au nettoyage d’une conduite. Parmi les causes de l’accident, la CSST conclut à une méthode de nettoyage inadéquate.
La CSST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête afin de rappeler à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien identifier les risques, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Rappelons que de 2010 à 2014, au Québec, 37 travailleurs ont perdu la vie après avoir été frappés mortellement par un objet ou une substance.
Un jet d’eau sous haute pression atteint mortellement le travailleur
Le jour de l’accident, M. Trudel et ses collègues s’affairent à nettoyer une conduite verticale dans un établissement de Rio Tinto Fer et Titane inc. Le nettoyage se fait à l’aide d’un boyau au bout duquel est fixé un tube rigide (furet) muni de deux buses projetant des jets sous haute pression. Le furet est inséré dans la conduite par une ouverture d’accès perpendiculaire à celle-ci. Pendant les travaux, M. Trudel, qui agit comme aide-opérateur de camion aspirateur, maintient l’embout d’un boyau d’aspiration près de l’ouverture de la conduite afin de récupérer l’eau et les saletés générées par le nettoyage. En cours d’opération, le travailleur qui tient le boyau du furet s’étire un bras pour chasser la fatigue musculaire. Croyant qu’il s’agit d’un signal d’arrêt, le travailleur qui commande l’arrivée d’eau coupe la pression, ce qui a pour effet de faire chuter le furet dans la conduite. Lorsque le travailleur qui tient le boyau de nettoyage s’aperçoit de la situation, il demande de remettre la pression d’eau. Au moment où l’eau est remise sous pression, le furet, qui se trouve à proximité de l’ouverture, est éjecté hors de la conduite et un jet d’eau sous haute pression atteint M. Trudel à l’abdomen, lui infligeant une blessure mortelle. Les services d’urgence sont appelés sur place. Le décès du travailleur est constaté au centre hospitalier.
Mieux identifier les dangers
L’enquête de la CSST a permis de retenir trois causes pour expliquer l’accident. Premièrement, une communication déficiente entre les opérateurs du furet a entraîné sa chute libre dans la conduite, puis sa sortie quand l’eau est remise sous pression. Deuxièmement, un jet d’eau sous haute pression a atteint M. Trudel à l’abdomen, lui infligeant une blessure mortelle. Troisièmement, la méthode de nettoyage d’une conduite verticale munie d’une ouverture d’accès perpendiculaire à l’axe de la conduite a permis l’éjection du furet.
La CSST considère que l’employeur, Environnement Saint-Laurent inc., a agi de façon à compromettre la sécurité des travailleurs. En conséquence, un constat d’infraction lui a été délivré. Pour ce type d’infraction, l’amende peut varier de 15 839 $ à 63 355 $ pour une première offense, et de 31 678 $ à 158 389 $ en cas de récidive.
La CSST exige un dispositif de retenue
À la suite de l’accident de travail, la CSST a interdit à Environnement Saint-Laurent inc. les travaux de nettoyage au jet d’eau sous haute pression dans les canalisations. La CSST a autorisé plus tard la reprise des travaux, mais seulement dans les canalisations dont les ouvertures ont un diamètre de 200 mm et moins et qui sont munies d’un dispositif de retenue. La CSST exige un tel dispositif pour empêcher les boyaux de ressortir des conduites à nettoyer. Les travaux ne respectant pas ces conditions sont toujours interdits.
Mesures de prévention
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CSST informera les employeurs qui effectuent du nettoyage haute pression des conclusions de l’enquête afin que ceux-ci mettent en place les mesures de prévention pour éliminer les dangers d’éjection d’un furet lors du nettoyage d’une conduite. L’employeur doit notamment évaluer la possibilité qu’un furet ressorte d’une conduite par l’aire non couverte par un dispositif de retenue ou qu’un jet sous haute pression puisse être orienté vers l’ouverture d’accès, et ainsi atteindre un travailleur situé à proximité.
De plus, le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, dans le cadre de son partenariat avec la CSST visant l’intégration de la santé et de la sécurité dans la formation professionnelle et technique, diffusera, à titre informatif et à des fins pédagogiques, le rapport d’enquête dans les établissements de formation qui offrent le programme d’étude Nettoyage industriel.
Depuis 5 ans, 37 travailleurs frappés mortellement par un objet ou une substance.