Aide-pêcheur perdu en mer après une chute par-dessus bord :
la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Le 15 octobre 2017, M. Harold Dupuis, un aide-pêcheur, a été perdu en mer après une chute par-dessus bord du bateau de pêche le Simdan, à environ ½ mille marin au nord du havre de pêche de Tourelle, en Gaspésie. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause de l’accident que l’aide-pêcheur n’était pas protégé contre les chutes par-dessus bord au moment d’attacher l’orin (cordage) du stabilisateur sur lequel il effectuait des manœuvres.
L’aide-pêcheur est tiré hors du bateau par le mouvement du cordage
Le jour de l’accident, vers 15 h 30, le Simdan a quitté le quai de Mont-Louis pour se rendre au quai de Tourelle, dans le but d’être sorti de l’eau et remisé pour l’hiver. L’équipage était composé du capitaine et de M. Dupuis. Durant ce parcours, les stabilisateurs du bateau ont été déployés. Installés de chaque côté de l’embarcation, ces accessoires servent à la stabiliser contre les mouvements de roulis provoqués par les vagues.
Vers 18 h 30, en prévision de l’arrivée au quai de Tourelle, le capitaine et l’aide-pêcheur ont amorcé la remontée des stabilisateurs. Le vent s’était alors mis à souffler de l’est à 25 nœuds, formant des vagues de 2 à 3 mètres. M. Dupuis s’est rendu au pied du stabilisateur afin d’agripper l’orin et de l’attacher au bateau. Une vague a alors fait rouler le bateau sans que M. Dupuis lâche l’orin, le tirant ainsi par-dessus bord.
Malgré la noirceur, le capitaine a réussi à rapprocher l’aide-pêcheur du bateau à l’aide d’une bouée de sauvetage. Il a ensuite amorcé des tentatives pour le remonter à bord, mais sans succès, pour finalement le perdre de vue. Des recherches ont été entreprises, mais M. Dupuis n’a pu être retrouvé.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident.
D’abord, l’aide-pêcheur n’était pas protégé contre les chutes par-dessus bord au moment d’attacher l’orin du stabilisateur. En effet, un système de protection collective tel un garde-corps ou un système de protection individuelle comme celui avec un harnais de sécurité aurait contribué à maintenir M. Dupuis à son poste de travail et à l’empêcher de chuter par-dessus bord.
Ensuite, l’employeur n’était pas organisé ni équipé pour qu’une seule personne en récupère une autre ayant fait une chute par-dessus bord.
La CNESST exige une méthode de travail sécuritaire
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit la tâche de remontée des stabilisateurs sur le Simdan. L’employeur devra mettre en place, pour cette manœuvre, un dispositif pour empêcher les chutes par-dessus bord avant de pouvoir utiliser de nouveau les stabilisateurs.
Relativement à cet accident, la CNESST a délivré un constat d’infraction à l’employeur propriétaire du bateau de pêche Simdan (9259-3532 Québec inc.). Pour ce type d’infractions, le montant de l’amende varie de 16 645 $ à 66 183 $ pour une première offense, et il pourrait atteindre 330 918 $ en cas de récidive.
Comment éviter un tel accident?
La CNESST rappelle que, par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivis de l’enquête
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST transmettra son rapport d’enquête au Comité permanent sur la sécurité des bateaux de pêche du Québec, le Bureau de la sécurité des transports du Canada, les associations des capitaines-propriétaires et les associations des aides-pêcheurs du Québec afin qu’ils informent leurs clientèles des conclusions de cette enquête. De plus, la CNESST appuiera Transports Canada, division maritime, dans sa démarche en vue d’équiper les bateaux de pêche d’un dispositif de récupération d’un homme à la mer, et collaborera avec l’organisation pour l’atteinte de cet objectif.