Chute mortelle d’un travailleur du haut de la Maison du développement durable à Montréal : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête sur l’accident du travail ayant coûté la vie à M. Joseph Brouillard travailleur et photographe pour l’Association Canadienne de Décalade et de Mountain-Cross (ACDMC), le 14 octobre 2017, dans l’arrondissement de Ville-Marie, à Montréal.
Chronologie de l’accident
Le jour de l’accident, M. Brouillard, un collègue et l’employeur s’affairaient à l’installation des deux cordes de descente sur la façade nord du mur extérieur de la Maison du développement durable. Elles sont normalement installées de manière à ce qu’une seule extrémité de la corde puisse être utilisée pour la descente (brin vivant), alors que l’autre ne le permet pas (brin mort). Une fois l’installation terminée, M. Brouillard se projette vers l’avant, dans le vide, croyant être retenu par la corde à laquelle il est attaché. C’est ainsi qu’il a fait une chute libre de cinq étages. Le décès du travailleur a été constaté sur place par les services d’urgence.
Causes de l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir trois causes pour expliquer l’accident :
- Le travailleur est descendu sur le brin mort de la corde l’exposant à une chute libre de cinq étages. Les cordes sont installées de façon à avoir un brin vivant et un brin mort; le brin vivant étant le brin sur lequel se trouve le nœud de prusik et celui devant être utilisé pour la descente.
- Le positionnement de la corde sur le toit a rendu difficile l’identification du brin servant à la descente. Les deux brins de la corde se trouvaient près de la ligne de vie dans deux paquets situés un près de l’autre;
- L’absence d’une vérification adéquate n’a pas permis d’identifier l’erreur dans le choix du brin de descente. En effet, une inspection visuelle, qui consiste à suivre la corde jusqu’au multiplicateur d’amarrages, aurait suffi pour détecter que le nœud de prusik était installé sur le mauvais brin.
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit la tenue d’activités de décalade impliquant la présence de travailleurs. Cette décision est en vigueur jusqu’à la mise en place des mesures correctives exigées à l’employeur qui concernent notamment le type et l’utilisation du harnais porté par les participants et les travailleurs, la protection contre les chutes incluant la conception par un ingénieur du système d’ancrage et des installations au toit, ainsi que la formation des travailleurs pour le travail en hauteur.
Comment éviter un tel accident
Pour prévenir les accidents liés aux chutes de hauteur, des solutions existent, notamment :
- L’employeur doit s’assurer que les travailleurs utilisent un système de protection contre les chutes conforme à la réglementation en plus d’un système de descente (positionnement).
- L’employeur doit également s’assurer qu’une personne compétente effectue l’installation des équipements sur le toit selon les indications précisées aux plans de conception par un ingénieur du système d’ancrage pour la protection contre les chutes.
Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.