Décès d’un camionneur de l’entreprise SSP Trans-Porc inc. :la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Trois-Rivières, le 21 décembre 2016
Le 3 juillet 2016, M. Richard Gravel, camionneur au service de l’entreprise SSP Trans-Porc inc., perdait la vie, coincé entre deux planchers d’une remorque servant au transport de porcs, alors qu’il procédait au déchargement des animaux chez un client commercial.
À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause l’absence de contrôle de l’énergie pneumatique qui a permis le mouvement du plancher mobile de la remorque.
Le plancher mobile se met soudainement à monter
Le jour de l’accident, M. Gravel conduisait un camion semi-remorque contenant une cargaison de 220 porcs, à destination d’un abattoir de Princeville. La remorque comportait trois niveaux de plancher, dont une section du deuxième niveau peut monter ou descendre à l’aide d’un vérin pneumatique.
Arrivé à l’abattoir, M. Gravel a stationné son camion semi-remorque au quai de déchargement. Une fois la remorque arrimée au quai, M. Gravel a procédé au déchargement des porcs qui se trouvaient au premier niveau de plancher, les dirigeant vers les parcs à l’intérieur de l’établissement.
M. Gravel s’est ensuite rendu au deuxième niveau de plancher de la remorque de façon à en faire sortir les porcs. Une fois les derniers porcs hors de la remorque, le plancher mobile sur lequel M. Gravel se trouvait s’est soudainement mis à bouger rapidement vers le haut. Le travailleur a alors été coincé entre le plancher mobile et le plancher fixe supérieur de la remorque. Les secours ont été appelés sur place. Le camionneur est décédé des suites de ses blessures.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’une part, le levage inopiné du plancher mobile de la remorque a coincé le travailleur mortellement. D’autre part, l’intervention sur le plancher mobile de la remorque était dangereuse, puisque l’énergie permettant son mouvement n’était pas contrôlée. En effet, au moment de l’accident, il n’existait aucune procédure permettant de contrôler les énergies pneumatiques (p. ex. le cadenassage de la valve de purge d’air qui permet d’empêcher le plancher mobile d’une remorque de monter ou de descendre).
Exigences de la CNESST
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit le déplacement et les travaux sur le camion et la remorque impliqués dans l’accident, le temps de vérifier le fonctionnement du plancher mobile. De plus, la CNESST a exigé de l’employeur qu’il mette en place des mesures correctives. Entre autres, il devait s’assurer que ses travailleurs cadenassent la valve de purge d’air en position ouverte, de manière à ce que le vérin pneumatique soit en tout temps dépressurisé, empêchant ainsi le plancher mobile de monter ou de descendre inopinément. L’employeur s’est conformé à ces exigences.
Comment éviter un tel accident
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST informera l’Association du camionnage du Québec (ACQ) ainsi que l’Association des routiers professionnels du Québec (ARPQ) des conclusions de son enquête. De cette façon, l’ACQ et l’ARPQ pourront sensibiliser leurs membres spécialisés dans le transport d’animaux à l’importance d’utiliser une méthode de travail sécuritaire qui élimine les dangers liés aux équipements servant au transfert des animaux.
La CNESST rappelle que l’utilisation de machines dangereuses est inacceptable. Au Québec, on déplore en moyenne annuellement 3 387 accidents du travail ainsi que sept décès causés par des machines non sécuritaires. La plupart de ces accidents pourraient être évités par l’application de mesures de prévention adéquates telles que le cadenassage.
Au Québec, depuis 5 ans, 35 travailleurs sont décédés après avoir été coincés ou écrasés par de l’équipement ou un objet. Uniquement dans la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ce sont cinq travailleurs qui ont perdu la vie dans de tels accidents.