Décès d’un travailleur de l’entreprise Coffrage CR sur un chantier de San Carlo Construction inc. à Laval : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Laval, le 15 février 2017
Le 29 septembre 2016, M. Stéphane Rémillard, un manœuvre spécialisé au service de l’entreprise Coffrage CR de Terrebonne, perdait la vie au travail, écrasé par un chariot élévateur en mouvement dans une pente, alors qu’il courait en sa direction. Cet accident est survenu à Laval sur un chantier de construction de l’entreprise San Carlo Construction inc. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient, entre autres causes, la gestion déficiente concernant le stationnement du chariot élévateur dans l’aire d’entreposage du chantier de construction.
Le travailleur est écrasé par son chariot élévateur
Le jour de l’accident, M. Rémillard opérait un chariot élévateur tout-terrain et agissait également comme signaleur de l’opérateur de la grue à tour. À l’arrivée d’une bétonnière, l’opérateur de la grue a demandé à M. Rémillard, par radio, d’amarrer le godet à béton aux crochets de la grue. Par la suite, M. Rémillard a reculé le chariot élévateur qu’il conduisait sur la pente ascendante de la rampe d’accès, des feuilles de contreplaqué alors posées sur les fourches soulevées du chariot. Une fois rendu au sommet de la rampe, il a abandonné ce dernier au sommet avec sa charge de feuilles de contreplaqué, sans rabaisser les fourches au sol, mettre les freins ou arrêter le moteur. Puis, il est allé amarrer le godet aux crochets de la grue à tour.
Alors qu’il amarrait le godet, le chariot élévateur s’est mis en mouvement et a descendu la rampe. L’opérateur de la grue a alors averti M. Rémillard que son chariot élévateur roulait sur la rampe d’accès. M. Rémillard a couru vers le chariot en passant par la paroi de la rampe constituée de pierres, de végétation et de débris. Ce faisant, il a perdu l’équilibre et s’est retrouvé devant la roue avant gauche du chariot élévateur, qui l’a écrasé. L’opérateur de la grue, qui était en communication avec M. Rémillard, a vu toute la scène et demandé du secours en composant le 911. Transportée au centre hospitalier, la victime est décédée deux jours plus tard.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident.
D’abord, le travailleur a perdu l’équilibre dans la paroi de la rampe d’accès alors qu’il courait en direction de son chariot élévateur qui s’était mis en mouvement dans la pente et il a été écrasé mortellement par ce dernier.
Ensuite, la gestion de la santé et de la sécurité à l’égard de l’utilisation d’un chariot élévateur tout-terrain a été déficiente, notamment en ce qui concerne le stationnement dans l’aire d’entreposage du chantier de construction. En effet, l’employeur n’avait pas identifié les risques reliés à certaines particularités du site (p. ex. la présence d’une rampe en pente), où l’on utilise et stationne le chariot élévateur.
Exigences de la CNESST
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation du chariot élévateur tout-terrain. Elle a également suspendu tous travaux de manutention de charges à l’aide d’un chariot élévateur tout-terrain dans l’aire d’entreposage.
La CNESST a exigé de l’entreprise qu’une méthode de travail pour le stationnement du chariot élévateur et la sortie de cabine de l’opérateur soit élaborée. Elle a également réclamé que l’employeur s’assure d’offrir une formation appropriée au travailleur responsable de ces opérations et de mettre en place des mesures de supervision adéquates. À la suite de la mise en application des correctifs exigés, la CNESST a autorisé la reprise des travaux de manutention de charges à l’aide d’un chariot élévateur tout-terrain.
La CNESST a aussi exigé du maître d’œuvre, San Carlo Construction inc., que les travailleurs du chantier soient informés des mesures préventives concernant le stationnement sécuritaire des chariots élévateurs tout-terrain dans l’aire d’entreposage du chantier.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle que les employeurs et les maîtres d’œuvre doivent identifier sur les chantiers de construction les dangers et les risques spécifiques à ceux-ci.
Rappelons que, par la loi, tout employeur a l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.