Décès d’un travailleur de l’entreprise Les Constructions LJP inc. : des lacunes dans l’aménagement et l’utilisation d’une grue à tour sont en cause
Le 14 décembre 2016, M. Claude Éthier, manœuvre spécialisé et signaleur de grue au service de l’entreprise Les Constructions LJP inc., est décédé des suites d’un accident du travail survenu sur un chantier situé au 1037, rue De Bleury, à Montréal. Il a été frappé mortellement par une plateforme de montage qui s’est décrochée de la tour d’une grue.
À la suite de son enquête, la Commi ssion des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause des lacunes dans l’aménagement et l’utilisation de la grue à tour concernée.
Une plateforme de montage se décroche et termine sa chute sur le signaleur
Le jour de l’accident, M. Éthier et des collègues s’affairaient à la mise en place du béton pour couler la dalle du plancher du vingtième étage d’un édifice en construction. Ces travaux étaient réalisés à l’aide de bennes à béton, lesquelles étaient transportées par une grue à tour. Lors d’une manœuvre de rotation de la grue, un câble de levage s’est coincé dans le garde-corps d’une des plateformes de montage installées sur la tour de la grue. La plateforme de montage, pesant 75 kg, s’est alors décrochée et a chuté, 18 m plus bas. Dans sa chute, la plateforme de montage a frappé une benne à béton et a rebondi sur M. Éthier. Les services d’urgence ont été appelés sur les lieux de l’accident. Le décès du travailleur a été constaté au centre hospitalier.
Trois causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir trois causes pour expliquer l’accident.
D’une part, les deux plateformes de montage accrochées à la tour de la grue tenaient sur leurs supports, sans attaches, alors qu’elles auraient dû être ancrées et boulonnées à ceux-ci.
D’autre part, les plateformes de montage présentes sur la tour ont interféré avec la trajectoire du brin intérieur du câble de levage. En effet, lorsque le grutier a exécuté une rotation de la flèche, le brin intérieur du câble de levage est entré en contact avec l’extrémité d’une des plateformes, et le câble s’est coincé dans un élément du garde-corps de la plateforme. Sous la tension produite, la plateforme, libre d’attaches, a été soulevée de ses supports et a chuté 18 m plus bas.
Enfin, la gestion de la santé et de la sécurité du travail a été déficiente en ce qui a trait à l’aménagement et à l’utilisation sécuritaire de la grue à tour. L’enquête a permis de constater des lacunes dans la mise en application du programme de prévention du maître d’œuvre. Notamment, aucune analyse sécuritaire de tâches n’avait été réalisée pour les phases de montage, de hissage ou de démontage de la grue à tour.
La CNESST exige une attestation de conformité de la grue à tour
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation de la grue à tour en cause dans l’accident afin de vérifier le bon fonctionnement de ses composants. Elle a aussi exigé de l’employeur, Les Constructions LJP inc., une attestation de conformité de la grue à tour, signée par un ingénieur, précisant que celle-ci est sécuritaire. La CNESST a autorisé l’utilisation de la grue à tour après réception de l’attestation de conformité de la part de l’employeur.
Comment éviter un tel accident
Rappelons que, par la loi, tout employeur ou maître d’œuvre a l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.
Lorsqu’il est prévu que les activités sur un chantier de construction occuperont simultanément au moins 10 travailleurs de la construction, à un moment spécifique des travaux, le maître d’œuvre doit, avant le début de ceux-ci, élaborer un programme de prévention adapté à son chantier et faire en sorte que celui-ci soit appliqué pendant la réalisation des travaux. L’élaboration et l’application du programme de prévention doivent être faites conjointement avec l’employeur et les travailleurs. Ce programme a pour objectif d’éliminer à la source même les dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs de la construction.
Suivis de l’enquête
Afin de sensibiliser les milieux de travail, la CNESST transmettra les conclusions de ce rapport à l’employeur et au maître d’œuvre, ainsi qu’à l’Association des propriétaires de grues du Québec, dont les membres sont susceptibles d’utiliser des grues à tour sur des chantiers de construction.