Décès d’un travailleur de l’entreprise NU-B inc. à Montréal : une machine avec une zone dangereuse accessible et non protégée est en cause
Montréal, le 22 février 2017
Le 8 août 2016, M. Truc Nguyen, assistant-opérateur au service de l’entreprise NU-B inc., perdait la vie au travail, écrasé entre deux rouleaux d’entraînement, alors qu’il alimentait un granulateur de retailles de plastique.
À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme cause principale de l’accident l’accessibilité et la non-protection de la zone dangereuse d’une machine en marche. Des rouleaux d’entraînement étaient en effet accessibles et non protégés alors que le travailleur se trouvait sur un escabeau pour alimenter le granulateur.
Le travailleur est entraîné par des rouleaux
Le jour de l’accident, M. Nguyen et un collègue alimentaient de longues retailles de plastique le granulateur placé sur une plateforme au-dessus d’une ligne d’extrusion. Monté dans un escabeau, juste en dessous de la plateforme, M. Nguyen coupait les retailles et les repliait sur elles-mêmes pour ensuite les donner à son collègue, qui se tenait sur la plateforme, en les passant à travers deux rouleaux.
- Nguyen a constaté qu’une retaille était coincée dans les rouleaux. Il est donc descendu de l’escabeau et a replié la retaille sur elle-même sans la couper avant de remonter dans l’escabeau et de tendre la retaille à son collègue. C’est alors que la main de M. Nguyen a été entraînée entre les deux rouleaux, suivie de son thorax et de son abdomen. Les services d’urgence ont été appelés sur les lieux de l’accident. Le décès du travailleur a été constaté sur place.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident.
Premièrement, des rouleaux d’entraînement étaient accessibles, sans dispositifs de sécurité pour le travailleur qui se tenait sur un escabeau. Lorsque le travailleur a levé son bras, sa main s’est retrouvée à proximité des deux rouleaux et a été entraînée entre ceux-ci.
Deuxièmement, la gestion du travail a été déficiente lors du démarrage du granulateur. L’enquête a permis de constater l’absence d’une procédure sécuritaire détaillée pour le démarrage du granulateur. De plus, l’utilisation d’un escabeau lors de l’alimentation du granulateur alors que les rouleaux d’entraînement sont en marche représente une méthode de travail dangereuse.
La CNESST exige l’installation de dispositifs de protection
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’utilisation des lignes d’extrusion et exigé que l’employeur installe des dispositifs de protection pour rendre les zones dangereuses inaccessibles. Elle a aussi exigé que des boutons d’arrêt d’urgence soient placés à l’ensemble des postes d’assistants-opérateurs situés sur les plateformes au-dessus des lignes d’extrusion. Les correctifs requis ont été apportés par l’employeur et l’utilisation des lignes d’extrusion a pu reprendre.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle que les risques encourus doivent être repérés et identifiés à toutes les étapes d’utilisation d’une machine. De plus, les zones dangereuses des machines doivent être inaccessibles ou munies de dispositifs de protection qui en contrôlent l’accès.
Rappelons que, par la loi, tout employeur doit s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.
Suivi de l’enquête
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST transmettra les conclusions de ce rapport à l’Association technique des flexographes et fabricants d’emballages du Québec (ATFFEQ) afin que leurs membres en soient informés.
De plus, le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d’études liés à l’opération de machines industrielles afin de sensibiliser les futurs travailleurs.
Au Québec, depuis 5 ans, 35 travailleurs ont perdu la vie coincés ou écrasés par de l’équipement ou des objets.