Décès d’un travailleur de l’entreprise Service Bel Auto inc. à Montréal : l’accumulation de vapeurs d’essence dans une fosse de réparation est en cause
Montréal, le 2 février 2017
Le 5 juillet 2016, M. Sylvain Désy, mécanicien au service de l’entreprise Service Bel Auto inc., perdait la vie des suites d’un accident du travail survenu à Montréal alors qu’il procédait à des travaux de réparation sur une pompe à essence d’une camionnette. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause que l’accumulation de vapeurs d’essence était suffisante pour créer une atmosphère inflammable dans la fosse de réparation.
Un incendie éclate dans la fosse de réparation
Le jour de l’accident, M. Désy et son collègue s’affairaient à réparer la pompe du réservoir d’essence d’une camionnette dans une fosse de réparation. Pour faciliter la remise en place du réservoir d’essence sous la camionnette, les travailleurs ont utilisé différentes méthodes de transvasement de l’essence du réservoir, afin d’en alléger le contenu. Constatant l’inefficacité des méthodes utilisées, les travailleurs ont décidé d’utiliser une pompe électrique et un bloc d’alimentation. C’est à ce moment qu’un incendie a éclaté dans la fosse. Le travailleur a été grièvement brûlé. Les services d’urgence ont été appelés sur les lieux de l’accident. Le décès du travailleur a été constaté au centre hospitalier.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, l’utilisation de la fosse pour accomplir les travaux de réparation de la pompe à essence de la camionnette a permis une accumulation suffisante de vapeurs inflammables pour atteindre la plage d’inflammabilité de l’essence. Les vapeurs d’essence étant plus lourdes que l’air, elles se sont accumulées au fond de la fosse. L’absence de ventilation mécanique a également permis que ces vapeurs s’accumulent en quantité suffisante pour créer des conditions propices au déclenchement d’un incendie.
Ensuite, les méthodes de transvasement de l’essence ont exposé les travailleurs à un incendie. En effet, les différentes manipulations effectuées par les travailleurs ont contribué à l’accumulation de vapeurs d’essence dans le fond de la fosse de réparation. De plus, l’utilisation de la pompe électrique et du bloc d’alimentation comme méthode pour transvaser l’essence a favorisé la création d’un arc électrique, ce qui a déclenché un incendie dans la fosse.
La CNESST exige une procédure de travail sécuritaire
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à l’employeur de procéder à des travaux de transvasement d’essence. Avant de pouvoir reprendre les travaux, l’employeur doit élaborer une procédure de travail sécuritaire afin de contrôler les risques d’incendie lors d’opérations de transvasement d’essence. À ce jour, l’employeur n’effectue plus de travaux impliquant ce type d’opérations.
De plus, l’employeur doit apporter des correctifs à la fosse de réparation, notamment assurer par ventilation mécanique un minimum de douze changements d’air à l’heure, ainsi qu’installer un appareillage électrique conforme au Code de construction du Québec.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle que le transvasement d’essence doit se faire à l’aide d’un transvideur certifié qui contrôle l’électricité statique et limite la dispersion des vapeurs d’essence. La procédure de transvasement doit également se faire dans un endroit aéré, loin des sources potentielles d’ignition.
Rappelons que, par la loi, tout employeur a l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.
Suivis de l’enquête
Afin de sensibiliser les milieux de travail, la CNESST transmettra les conclusions de ce rapport à l’Association des services de l’automobile du Québec (ASA) et à l’Association sectorielle Services automobiles (Auto Prévention) afin que leurs membres en soient informés.
De plus, le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d’études en lien avec le secteur de la mécanique automobile afin de sensibiliser les futurs travailleurs.
Au Québec, depuis cinq ans, huit travailleurs sont décédés après avoir été victimes d’un feu non intentionnel ou non contrôlé.