Décès d’un travailleur d’Émondage Sud-Ouest à Montréal : sa présence dans la zone d’abattage de l’arbre est en cause
Montréal, le 30 mars 2017
Le 10 septembre 2016, M. David Farkas, travailleur au service de l’entreprise Émondage Sud-Ouest inc., a perdu la vie des suites d’un accident du travail à Montréal. Il a été heurté à la tête par un arbre au moment de l’abattage de celui-ci. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause de cet accident la présence du travailleur dans la zone d’abattage de l’arbre au moment de sa chute.
Le travailleur est heurté par l’extrémité du tronc
Le jour de l’accident, M. Farkas et deux collègues avaient pour tâche d’abattre un arbre sur le terrain avant d’une résidence privée. Avant d’abattre l’arbre, l’abatteur a d’abord ébranché le tronc tandis que M. Farkas et l’autre travailleur ramassaient les branches tombées pour ensuite les déchiqueter. Les travaux d’ébranchage et de ramassage s’effectuaient en alternance.
Une fois cette étape terminée, juste avant d’effectuer le trait d’abattage, l’abatteur a vérifié que la zone d’abattage était dégagée, sans toutefois obtenir de contact visuel ou verbal avec M. Farkas, qui se trouvait alors à proximité de la déchiqueteuse, installée dans la rue.
Au moment où le tronc de l’arbre amorçait sa chute, l’abatteur et l’autre travailleur ont remarqué la présence dans la zone d’abattage de M. Farkas qui tentait de reprendre pied après avoir trébuché. L’arbre a continué sa chute en pivotant vers l’entrée de la résidence. L’extrémité du tronc a alors heurté la tête de M. Farkas. Les services d’urgence ont été appelés sur les lieux de l’accident. Transporté au centre hospitalier, le travailleur a succombé à ses blessures quelques jours plus tard.
Deux causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer cet accident mortel.
Premièrement, le travailleur était présent dans la zone d’abattage au moment de la chute du tronc de l’arbre. La zone d’abattage s’étend sur un rayon équivalant au moins à la longueur de l’arbre. Les travailleurs ont comme directive de demeurer à l’extérieur de la zone d’abattage lorsque le bruit de la scie à chaîne se fait entendre. Cependant, avant que le trait d’abattage soit fait, il n’y a pas eu de communication bidirectionnelle entre l’abatteur et le travailleur pour valider le fait que ce dernier se trouvait hors de la zone.
Deuxièmement, les méthodes utilisées pour l’abattage manuel n’ont pas permis de contrôler la direction de la chute du tronc. En effet, la charnière, soit la partie non sciée de l’arbre qui permet de maîtriser sa chute et empêche tout mouvement latéral, était presque entièrement coupée.
La CNESST exige une méthode de travail sécuritaire
À la suite de l’accident, la CNESST a exigé que l’employeur utilise des méthodes d’abattage sécuritaires, qui permettent de contrôler la chute de l’arbre. De plus, la CNESST a exigé que l’utilisateur de la scie à chaîne suive une formation théorique et pratique sur les techniques de travail sécuritaires pour l’abattage, incluant la technique d’abattage directionnel, l’ébranchage et le tronçonnage des arbres.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle qu’aucun travailleur ne doit se trouver dans la zone d’abattage. Aussi, les règles de l’art préconisent qu’il y ait une communication bidirectionnelle entre l’abatteur et les travailleurs au sol avant que le trait d’abattage d’un arbre soit effectué. De plus, les méthodes d’abattage utilisées doivent être sécuritaires et permettre de contrôler la direction de la chute de l’arbre.
Rappelons que la loi oblige tout employeur à s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.
Suivis de l’enquête
Dans un but de sensibilisation des milieux de travail, la CNESST transmettra les conclusions de ce rapport à la Société internationale d’arboriculture du Québec inc. et à l’Association québécoise des arboriculteurs commerciaux afin que leurs membres en soient informés.
De plus, le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant les programmes d’études en arboriculture-élagage pour sensibiliser les futurs travailleurs.
Au Québec, depuis 5 ans, 46 travailleurs ont été frappés mortellement par un objet. Uniquement dans la région de Montréal, trois travailleurs ont perdu la vie dans de tels accidents.