: la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Rouyn-Noranda, le 10 mai 2016
Le 21 août 2015, M. Jean-Daniel Fillion, charpentier-menuisier de l’entreprise Coffrage Bouchard inc., perdait la vie des suites d’un accident du travail survenu à Angliers, après avoir été frappé par le tuyau flexible d’une pompe à béton. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient, comme principale cause, l’utilisation d’un collet ajustable mal entretenu entre le tuyau en coude et le tuyau réducteur, lequel a causé le détachement du tuyau réducteur en cours d’opération.
Le travailleur a été frappé par le tuyau flexible d’une pompe à béton
Le jour de l’accident, un camion-pompe était installé sur une barge pour couler le béton dans un pilier du Barrage des Quinze, à Angliers. Sept travailleurs localisés sur la plateforme du pilier assuraient la mise en place du béton. Un travailleur manipulait le tuyau flexible de 10,16 cm (4 pouces) de diamètre et de 10,36 m (34 pieds) de longueur suspendus à un réduit et les autres travailleurs s’affairaient à différentes tâches, telles que le lissage et le vibrateur, pour placer le béton. À la suite d’un arrêt temporaire de coulage comme il s’en effectue plusieurs dans une journée, l’opérateur, comme à son habitude, a redémarré la pompe pour s’apercevoir qu’il n’y avait aucun écoulement. Il a donc redémarré à nouveau la pompe. C’est à ce moment que le tuyau réducteur et le tuyau flexible se sont détachés et ont heurté le travailleur. Le décès du travailleur a été constaté au Centre hospitalier de Ville-Marie.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident.
D’abord, l’utilisation d’un collet ajustable mal entretenu entre le tuyau en coude et le tuyau réducteur a causé le détachement du tuyau réducteur en cours d’opération.
Ensuite, l’utilisation de deux câbles de sécurité installés en séries, combinée au poids supplémentaire imposé par le tuyau flexible, a contribué à la rupture du câble de sécurité.
La CNESST exige des correctifs
À la suite de l’événement, la CNESST a interdit l’utilisation, toute modification ou réparation du camion-pompe à béton de l’unité no 82 à des fins d’enquête.
De plus, la CNESST a demandé aux deux employeurs et au maître d’œuvre d’élaborer une méthode de travail sécuritaire pour la reprise des travaux et pour les travaux de coulage de béton.
Enfin, un des éléments de l’enquête a amené la CNESST à exiger de Béton Fortin inc. qu’il produise une procédure de travail ayant pour objectif de s’assurer que les collets d’accouplement et les joints des tuyaux d’une pompe à béton sont nettoyés de façon à éviter un mauvais ajustement du serrage du collet.
En lien avec cet accident, la CNESST a délivré à l’employeur, Béton Fortin inc., un constat d’infraction. Pour cette infraction, l’amende peut varier de 16 124 $ à 64 495 $ pour une première offense, et de 32 248 $ à 161 240 $ en cas de récidive.
Mesures de prévention
Afin d’éviter qu’un tel accident ne se reproduise, la CNESST enverra à l’Association Béton Québec les conclusions de son enquête afin qu’elle informe ses membres, notamment sur l’importance que les utilisateurs de camions-pompes à béton respectent les exigences du fabricant en ce qui concerne l’entretien et l’utilisation des composants de l’équipement amovible.
De plus, afin de sensibiliser les milieux de travail, la CNESST transmettra les conclusions de ce rapport à l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, à l’Association de la construction du Québec, à l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure, à l’Association patronale des entreprises en construction du Québec et à l’Association des entrepreneurs en construction du Québec, afin que leurs membres en soient informés.
Rappelons que, selon la Loi sur la santé et la sécurité du travail, tout employeur a l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer et les contrôler.
Au Québec, depuis 5 ans, 37 travailleurs sont décédés après avoir été frappés par un objet. Seulement dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, ce sont 3 travailleurs qui ont perdu la vie dans de tels accidents.