Décès d’un travailleur sur un chantier de la route 389 : la CSST dévoile les résultats de son enquête.
Sept-Îles, le 12 février 2015.
Le 11 août 2014, Réal Ouellet, chauffeur de camions pour l’entreprise Lesage Transport ltée de Fermont, est électrocuté lors d’une manœuvre d’embarquement d’une pelle mécanique sur la remorque de son camion. Parmi les causes à l’origine de l’accident, la CSST identifie une gestion déficiente de la santé et de la sécurité en matière de travaux à proximité d’une ligne électrique.
La CSST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête et rappelle à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien repérer les dangers, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Rappelons qu’au Québec, entre 2009 et 2013, 19 travailleurs sont décédés après avoir été en contact avec le courant électrique.
Une manœuvre d’approche fatale
Le jour de l’accident, deux travailleurs sont affectés à l’entretien de fossés et de ponceaux sur la route 389, près de Fermont. Ils utilisent une remorque accouplée à un camion, laquelle transporte une pelle mécanique et un poteau de bois de grandes dimensions servant au déblocage des ponceaux. Après avoir terminé la réfection d’un fossé, ils procèdent à l’embarquement de la pelle et du poteau sur une aire de dégagement en bordure de la route surplombée par une ligne électrique. L’opérateur de la pelle amorce la montée de celle-ci sur les rampes de la remorque alors que le chauffeur se tient debout, les pieds au sol, en contact avec l’avant de la remorque. L’opérateur soulève verticalement le poteau pour le diriger vers la remorque; à ce moment, une lumière brève et intense surprend l’opérateur. Ce dernier dépose immédiatement le poteau et trouve son collègue couché au sol. Un motocycliste de passage tentera en vain de réanimer le travailleur. Les services d’urgence sont appelés. Le chauffeur est transporté à l’hôpital, où son décès est constaté.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CSST d’identifier deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, lors de l’embarquement de la pelle mécanique sur la remorque, un lien électrique s’est créé entre la ligne de 161 000 V et le poteau de bois attaché au godet de la pelle. Tout l’équipement a alors été énergisé et le chauffeur a fait office de mise à la terre.
Ensuite, la gestion de la santé et de la sécurité relative aux opérations à proximité de la ligne électrique est déficiente. En effet, les travailleurs du chantier n’ont reçu aucune formation spécifique concernant les dangers et les mesures préventives associées à la réalisation de travaux à proximité des lignes électriques, tout comme ils n’ont pas été informés adéquatement à ce sujet.
La CSST exige des mesures correctives
La CSST a interdit à l’employeur d’utiliser l’aire de dégagement pour y déplacer de la machinerie. De plus, elle a exigé que l’employeur forme et informe ses travailleurs sur les dangers liés aux travaux près d’une ligne électrique et sur les mesures à mettre en place pour les éviter. La CSST a aussi exigé que la mise à jour du programme de prévention, qui inclut les dangers et les mesures préventives liés aux travaux près d’une ligne électrique, soit diffusée et appliquée. L’employeur s’est conformé à ces exigences.
La CSST considère que Lesage Transport ltée a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. En conséquence, un constat d’infraction lui a été délivré. Pour ce type d’infraction, le montant de l’amende varie de 15 839 $ à 63 355 $ pour une première offense, et de 31 678 $ à 158 389 $ en cas de récidive.
Mesures de prévention
La CSST rappelle que l’employeur doit s’assurer que les personnes, les pièces, les équipements et les éléments de machinerie se trouvent plus loin que les distances minimales d’approche. Dans le présent cas, il aurait fallu maintenir une distance minimale de 5 mètres.
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CSST informera l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, l’Association de la construction du Québec, l’Association provinciale des constructeurs d’habitations du Québec, afin qu’elles informent leurs membres des conclusions de cette enquête. La CSST informera également le ministère des Transports du Québec.
De plus, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, dans le cadre de son partenariat avec la CSST, diffusera le rapport d’enquête dans les établissements de formation qui offrent le programme d’étude Conduite d’engins de chantier.