Décès d’un travailleur sur un chantier forestier : une méthode de travail non sécuritaire est en cause
Québec, le 10 février 2016
Le 19 décembre 2014, dans la municipalité régionale du comté (MRC) de Portneuf, Marco Gauvin, conducteur de chargeuse pour l’entreprise Adrien Côté (1985) inc., perd la vie au travail. Il est écrasé mortellement alors qu’il tente de débloquer une roue d’un tracteur semi-remorque sur un chemin forestier. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient comme principale cause une méthode de travail non sécuritaire.
La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête afin de rappeler à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien repérer les dangers, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Entre 2010 et 2014, au Québec, 32 travailleurs ont perdu la vie après avoir été coincés ou écrasés par de l’équipement ou des objets.
Le véhicule se met en mouvement et écrase le travailleur
Le matin de l’accident, un camionneur quittant le lieu de chargement du chantier du Lac O’Neil immobilise son tracteur semi-remorque sur le chemin forestier en raison d’un blocage d’une des roues sur le quatrième essieu de la semi-remorque. Deux autres travailleurs, dont M. Gauvin, se joignent au camionneur et entreprennent différentes manœuvres afin de dégeler les composants du système de freinage. M. Gauvin se positionne sous la semi-remorque et chauffe une valve près du quatrième essieu à l’aide d’un chalumeau. Lorsque le véhicule se met en mouvement, le travailleur se déplace entre les roues des troisième et quatrième essieux et tente de s’extirper de sous la semi-remorque, en vain. Il est alors écrasé mortellement.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, la méthode de travail utilisée pour libérer une roue bloquée, consistant à chauffer une valve de contrôle sous la semi-remorque alors que les commandes de freinage sont manipulées et que le véhicule est dans une pente, exposait les travailleurs à un mouvement imprévu du tracteur semi-remorque. Ensuite, la gestion déficiente des interventions de déblocage du système de freinage du tracteur semi-remorque exposait les travailleurs à un risque d’écrasement à la suite d’un mouvement imprévu du véhicule. En effet, une méthode de travail inappropriée, des lacunes dans la formation des travailleurs et l’absence d’équipement pour assurer l’immobilisation du véhicule ont mené à l’accident.
La CNESST exige une procédure de travail sécuritaire
À la suite de l’accident, la CNESST a exigé que l’employeur mette en place une procédure de travail sécuritaire afin d’éliminer et de contrôler les risques lorsqu’un travailleur doit intervenir sous un tracteur semi-remorque. De plus, l’employeur a dû former l’ensemble de ses travailleurs sur cette nouvelle procédure.
En lien avec cet accident, un constat a été délivré à l’employeur, Adrien Côté (1985) inc. Pour cette infraction, l’amende peut varier de 15 839 $ à 63 355 $ pour une première offense, et de 31 678 $ à 158 389 $ en cas de récidive.
Mesures de prévention
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST transmettra son rapport à l’Association du camionnage du Québec, à l’Association nationale des camionneurs artisans, à l’Association des routiers professionnels du Québec et au Regroupement des entrepreneurs et des camionneurs indépendants du Québec afin qu’ils sensibilisent leurs membres aux dangers liés aux opérations d’entretien et de déblocage sous un tracteur routier ou sous une semi-remorque.
De plus, dans le cadre de son partenariat avec la CNESST, le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche diffusera le rapport d’enquête dans les établissements de formation offrant des programmes d’études de mécanique de véhicules lourds routiers et de transport par camion. L’objectif de cette démarche est de soutenir les établissements de formation et les enseignants dans leurs actions pédagogiques destinées à informer leurs étudiants sur les risques auxquels ils seront exposés et des mesures de prévention qui s’y rattachent.
Depuis 5 ans, au Québec, 32 travailleurs ont perdu la vie coincés ou écrasés par de l’équipement ou des objets.