Par Mélanie Bergeron | TVA Nouvelles
La sécurité sur certains chantiers de construction laisse à désirer, d’après des images exclusives obtenues par TVA Nouvelles.
Malgré toutes les campagnes de prévention de la CSST pour éviter les chutes en hauteur, les garde-corps ne sont pas tous conformes, ou sont tout simplement inexistants.
Des trous qui donnent sur un vide de plusieurs étages, des échelles non sécuritaires et des travailleurs pas attachés ont pu être remarqués sur différents chantiers de Montréal, Sorel et Gatineau.
Pour le Local 711, qui représente les travailleurs de l’acier, la situation est inacceptable.
«Il y a des raccourcis pour arriver dans les échéanciers qui font en sorte que la sécurité des chantiers est mise de côté», explique Sylvain Boivin.
Mains liées
Des conseillers en sécurité doivent justement veiller au respect des normes sur les chantiers. D’après ce que plusieurs d’entre eux nous ont confié, ils ont en quelque sorte les mains liées.
Ils sont embauchés par les entrepreneurs. Si les recommandations sont trop sévères, ils peuvent perdre leur emploi.
«Je vais dire comme je dis toujours: on nous donne carte blanche, mais c’est une carte grise. Ils ne le mettront pas dehors parce qu’il est trop sécuritaire! Ils vont le mettre dehors pour une autre raison. Un travailleur, c’est la même affaire. C’est dur pour un travailleur de parler», affirme Carmel Dion, conseiller en sécurité.
Tourner les coins ronds
«Dans l’industrie de la construction, il y a des lois non écrites. Si tu oses trop revendiquer la santé et la sécurité, tu en es brimé officiellement parce que tu te retrouves chez vous», poursuit M. Boivin.
Selon ses dires, plusieurs entrepreneurs tournent les coins ronds spécifiquement pour effectuer les travaux plus rapidement et économiser de l’argent.
La CSST avoue que le nombre d’inspecteurs est insuffisant pour garantir une présence sur chacun des chantiers. Ils sont seulement 200 au Québec et ne travaillent pas exclusivement sur les chantiers de construction.
On aimerait ça, avoir un nombre d’inspecteurs qui grandit. Malheureusement, on a les effectifs qu’on a. Quand il y a une ouverture de chantier, nous sommes mis au courant. On regarde les dangers potentiels», souligne Marie-France Roulier.
Plus de formation
M. Boivin réclame des changements dans la loi pour améliorer la formation des travailleurs qui selon lui, est inadéquate.
Il soutient aussi que la loi du plus bas soumissionnaire lors de l’octroi de contrats fait que certains entrepreneurs coupent les dépenses en matière de sécurité. Les échéanciers serrés font en sorte que les travailleurs doivent compléter leurs tâches plus rapidement.
En 2014, 700 travailleurs ont chuté d’un chantier en hauteur, dont cinq sont décédés.