Noyade d’un travailleur : la CNESST conclut à des mesures de prévention insuffisantes
Saint-Jérôme, le 3 février 2016
Le 28 juillet 2015, M. Narada Canape-Lussier, journalier au service de l’entreprise Multi-Services Jolicoeur, meurt noyé alors qu’il effectue des travaux de tonte de pelouse sur le terrain d’une résidence privée, à proximité d’une piscine creusée. Parmi les causes à l’origine de l’accident, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) conclut à des mesures de prévention de la noyade insuffisantes lors de travaux à proximité d’une piscine creusée.
La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête et rappelle à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien repérer les dangers, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Rappelons qu’entre 2010 et 2014, au Québec, 9 travailleurs ont perdu la vie par noyade.
Le travailleur est découvert au fond de la piscine
Le matin du 28 juillet 2015, M. Canape-Lussier et un coéquipier reçoivent de leur employeur une liste des sites où doivent être effectués divers travaux d’entretien paysager. À leur arrivée à une résidence figurant sur la liste, M. Canape-Lussier et son coéquipier rencontrent la propriétaire, qui leur transmet certaines directives. Le travailleur décide de tondre la pelouse de la cour arrière, alors que son coéquipier se concentre sur l’avant et l’un des côtés de la résidence. Une fois la tonte effectuée et la coupe des bordures complétées, M. Canape-Lussier retourne à la remorque pour récupérer le souffleur afin d’enlever les résidus de pelouse sur la terrasse de la piscine. Alors que les travaux sont presque achevés, la propriétaire sort de sa résidence et s’approche de la piscine. C’est alors qu’elle constate la présence de M. Canape-Lussier au fond de l’eau. Le travailleur, inanimé, est sorti de la piscine et les techniques de réanimation sont effectuées par son collègue. Il est ensuite pris en charge par les services d’urgence. Le décès du travailleur sera constaté à l’hôpital.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CNESST d’établir deux causes pour expliquer l’accident. D’une part, le travailleur s’est approché au bord de la partie profonde de la piscine creusée, qui était accessible, et est tombé dans celle-ci. D’autre part, les mesures de prévention de la noyade étaient insuffisantes lors de travaux à proximité d’une piscine creusée. En effet, il y avait absence de barrière physique, de mesures de surveillance et d’utilisation d’un vêtement de flottaison individuel (VFI).
La CNESST exige une procédure sécuritaire de travail
Le jour de l’accident, la CNESST a interdit à l’employeur d’effectuer des travaux à proximité des piscines creusées jusqu’à ce qu’une procédure sécuritaire de travail soit mise en place. L’employeur s’est conformé à cette exigence.
Mesures de prévention
Étant donné que les travailleurs n’ont pas tous les mêmes capacités pour la nage, que le port de vêtements rend la nage plus difficile, que le travail peut s’effectuer dans un lieu isolé et qu’un travailleur pourrait avoir un malaise ou perdre conscience, les employeurs doivent considérer la noyade comme un danger réel et mettre en place des mesures de prévention. Pour la prévenir, un travailleur qui effectue un travail à moins de 2 mètres du bord de tout plan d’eau et qui ne peut recevoir de l’aide devrait utiliser une perche ou porter un VFI tant et aussi longtemps qu’il ne sort pas de ce périmètre.
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CNESST informera l’Association des architectes paysagistes du Québec, l’Association des paysagistes professionnels du Québec, l’Union des municipalités du Québec et l’Association des responsables aquatiques du Québec afin qu’ils informent leurs membres des conclusions de cette enquête.
Depuis 5 ans, 9 travailleurs sont décédés par noyade.