Noyade d’un travailleur au chantier hydroélectrique La Romaine : la CSST dévoile les résultats de son enquête
Sept-Îles, le 25 novembre 2015
Le 11 mars 2015, Steeve Barriault, opérateur de pelle hydraulique chez Neilson-EBC, meurt noyé lorsque son engin bascule dans une fosse d’eau au chantier du complexe hydroélectrique de La Romaine, au nord de Havre-Saint-Pierre. Parmi les causes à l’origine de l’accident, la CSST identifie une gestion déficiente de la part du maître d’œuvre, Hydro-Québec, et de l’employeur, Neilson-EBC, relativement aux travaux de déblaiement de la centrale qui permettent l’accès à un terrain dangereux où il y a risque de submersion.
La CSST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête et rappelle à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien repérer les dangers, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Rappelons qu’au Québec, entre 2010 et 2014, 9 travailleurs sont décédés à la suite d’une noyade.
Le travailleur n’a aucune chance
À la fin du mois de janvier 2015, le maître d’œuvre demande à l’employeur de retirer les pompes de drainage de la centrale, ce qui entraîne une accumulation d’eau sur le site. La nuit de l’accident, le travailleur et un confrère sont affectés à cette zone pour déblayer de la neige et des débris de roches. À leur insu, ils se retrouvent à proximité d’une fosse de 5 mètres d’eau recouverte d’un couvert de glace.
Lorsque le surintendant de l’employeur arrive sur place au cœur de la nuit et aperçoit de l’eau sur l’extrémité d’un des chemins, il demande à ses travailleurs de quitter la zone. M. Barriault déplace alors sa pelle pour sortir du site de chargement de neige. Lors de cette manœuvre, la pelle s’enfonce et bascule sur son côté gauche, dans l’eau. Malgré les tentatives d’extirper la pelle et d’évacuer l’opérateur, la cabine est submergée et les secours demeurent vains. Le décès du travailleur sera constaté à l’hôpital.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CSST d’identifier deux causes pour expliquer l’accident. Premièrement, la capacité portante insuffisante de la surface et la profondeur de la fosse permettent le basculement de la pelle. Puis, la gestion déficiente des travaux de déblaiement de la centrale par le maître d’œuvre et l’employeur permet l’accès à un terrain dangereux où il y a risque de submersion. En effet, une série de facteurs ont contribué à l’événement, notamment le retrait des pompes de drainage, la méconnaissance du terrain et une méthode de travail inappropriée. Il est à noter qu’il était impossible, pour les secouristes, de briser les vitres en polycarbonate, dont celle de l’issue de secours, ce qui a contribué à la gravité de l’accident.
La CSST exige des correctifs
Le jour de l’accident, la CSST a interdit au maître d’œuvre et à l’employeur de poursuivre les travaux jusqu’à ce qu’une méthode sécuritaire de travail soit appliquée. Elle a également exigé de l’employeur qu’il informe ses travailleurs de l’accessibilité et du fonctionnement des différentes issues de secours des équipements qu’ils opèrent et s’assure de leur bon état. Le maître d’œuvre et l’employeur se sont conformés aux exigences.
La CSST considère que le maître d’œuvre, Hydro-Québec, et l’employeur, Neilson-EBC, ont agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. En conséquence, chacun a reçu un constat d’infraction. Pour ce type d’infraction, le montant de l’amende varie de 16 124 $ à 64 495 $ pour une première offense, et de 32 248 $ à 161 240 $ en cas de récidive.
Mesures de prévention
Afin d’éviter qu’un tel accident se reproduise, la CSST informera l’Association canadienne de normalisation principalement sur le fait que la norme qui traite des exigences relatives à la sécurité est muette sur les mesures concernant la possibilité d’ouvrir les issues de secours de l’extérieur.
La CSST diffusera les conclusions de son enquête à l’Association de la construction du Québec, à l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, à l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure, à l’Association patronale des entreprises en construction du Québec et à l’Association des entrepreneurs en construction du Québec pour que leurs membres en soient informés.
Enfin, dans le cadre de son partenariat avec la CSST visant l’intégration de la santé et de la sécurité du travail dans la formation professionnelle et technique, le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche diffusera le rapport d’enquête dans les établissements de formation offrant les programmes d’études Mécanique d’engins de chantier et Conduite d’engins de chantier.
Entre 2010 et 2014, au Québec, 9 travailleurs sont décédés à la suite d’une noyade.