Intoxications mortelles au Centre d’interprétation du cuivre de Murdochville : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Gaspé, le 26 septembre 2018
La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête sur l’accident de travail ayant coûté la vie à M. Claude Chouinard et à M. Roch Dunn au Centre d’interprétation du cuivre de Murdochville le 25 juillet 2017.
Chronologie de l’accident
Le 24 juillet 2017, vers 20 h 30, en prévision d’éventuelles visites touristiques, M. Chouinard et M. Dunn ont installé et mis en marche une pompe à eau à combustion interne (essence) dans le but d’évacuer l’eau de la galerie souterraine et de son tunnel d’accès, alors inondés. M. Chouinard est demeuré sur les lieux durant la nuit pour surveiller les installations. Le lendemain matin, vers 8 h 30, le personnel présent au Centre s’est interrogé sur l’absence de M. Chouinard. M. Dunn est alors entré dans le tunnel à la recherche de M. Chouinard. Constatant que M. Dunn n’était pas remonté après plusieurs minutes, une autre personne est descendue et a découvert les deux hommes inanimés, avant de remonter et d’appeler les secours. Arrivés sur les lieux, les pompiers ont évacué les deux hommes. Le décès de ces derniers a été constaté sur place.
Causes de l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :
- les gaz d’échappement de la pompe à essence étaient présents et sont restés dans le tunnel d’accès à la galerie souterraine
- la méthode de travail utilisée pour le pompage de l’eau de la galerie souterraine n’était pas sécuritaire
En effet, les deux personnes ont été exposées à une concentration mortelle de monoxyde de carbone (CO) produit par la pompe à essence. Le monoxyde de carbone s’est accumulé dans le tunnel et la galerie en l’absence de ventilation.
À la suite de l’accident, la CNESST a interdit l’accès à la galerie souterraine du Centre d’interprétation du cuivre de Murdochville et a exigé de l’employeur qu’il élabore une méthode de travail sécuritaire pour accéder aux lieux, en plus de s’assurer que l’air ambiant respecte les dispositions réglementaires. L’employeur ayant présenté une procédure de travail sécuritaire, la CNESST a autorisé temporairement l’accès à la galerie pour la récupération d’équipements. Les activités au Centre d’interprétation du cuivre de Murdochville n’ont pas repris à l’heure actuelle.
Comment éviter un tel accident
Le monoxyde de carbone est un gaz toxique invisible et inodore. Pour prévenir les intoxications liées à la présence de CO, des solutions existent, notamment :
- remplacer les appareils à combustion par des appareils n’émettant pas de gaz d’échappement (ex. : électriques, hydrauliques)
- placer les moteurs à combustion à l’extérieur
- ventiler les lieux de façon adéquate
- informer les travailleurs des risques pour la santé et des symptômes d’une intoxication au CO
- installer un détecteur de CO pour s’assurer que les valeurs d’exposition admissibles ne sont pas dépassées
- former les travailleurs et travailleuses sur l’utilisation du détecteur de CO et sur les actions à prendre si les valeurs d’exposition admissibles sont dépassées
- fournir au travailleur un détecteur de CO portatif lorsqu’il effectue des travaux avec un appareil qui émet du CO
Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivis de l’enquête
- La CNESST transmettra les conclusions de son enquête aux organismes responsables des mines ou des cavernes accessibles comme attraits touristiques au Québec
- La CNESST a délivré au Centre d’interprétation du cuivre de Murdochville un constat d’infraction. Pour ce type d’infractions, le montant de l’amende varie de 16 645 $ à 66 183 $ pour une première offense, et peut atteindre 330 918 $ en cas de récidive