Travailleur écrasé mortellement par un débardeur : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
Saguenay, le 7 décembre 2016
Le 7 juin 2016, un abatteur manuel de Midifor inc., une entreprise de Chaudière-Appalaches effectuant du déboisement sur le chantier de construction d’une ligne électrique d’Hydro-Québec au Lac-Saint-Jean, perdait la vie après avoir été écrasé sous la roue d’un débardeur à câble. À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient quatre causes pour expliquer l’accident, dont une planification déficiente de la sécurité entourant le déplacement du débardeur.
Le travailleur est écrasé après avoir rangé un outil dans le coffre du débardeur
Le jour de l’accident, à 34 km à l’ouest de Roberval, sur une route forestière menant à un site de déboisement du chantier, un débardeur sans charge s’est immobilisé, moteur en marche, à proximité de travailleurs qui chargeaient leurs véhicules tout-terrain en bordure du chemin. Pendant que, de son poste de commande, le conducteur discutait avec un travailleur sur sa gauche, sans s’annoncer, un autre travailleur s’est approché par la droite pour ranger un outil dans le coffre situé au centre du débardeur. Alors que ce dernier se trouvait devant la roue arrière droite, le conducteur a terminé sa conversation, il a regardé à gauche et à droite, puis est reparti. Le travailleur a alors été écrasé sous la roue. Aussitôt alertés, ses coéquipiers l’ont dégagé et ont appelé des secours, mais son décès a été constaté durant son transport vers l’hôpital.
Quatre causes expliquent l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir quatre causes pour expliquer l’accident :
- Le débardeur est entré dans l’aire de préparation des travailleurs, ce qui les a exposés à la zone de danger de la machine.
- Le travailleur s’est approché du débardeur immobilisé à l’insu du conducteur et se tenait devant la roue arrière quand il est reparti.
- Au moment de repartir, l’absence de vérification des angles morts du débardeur a entraîné l’écrasement du travailleur.
- Enfin, la planification du déplacement du débardeur sans charge était déficiente. Par exemple, un horaire ou un trajet différent aurait pu faire en sorte qu’aucun travailleur ne soit exposé au danger.
La CNESST exige des correctifs auprès du maître d’œuvre du chantier
La CNESST a interdit à Hydro-Québec, le maître d’œuvre du chantier, le déplacement de débardeurs à câble sur l’ensemble du chantier. De plus, elle a exigé qu’il détermine une méthode de travail qui protège les travailleurs, qu’il les forme en conséquence, puis qu’il mette en place des moyens de contrôle pour s’assurer que la méthode est bien appliquée. Le maître d’œuvre a répondu à ces exigences et a pu reprendre les activités impliquant les débardeurs.
Comment éviter un tel accident
La CNESST rappelle que les machines forestières telles les débardeurs présentent des dangers pour les travailleurs qui se trouvent à proximité, notamment dans les angles morts. C’est pourquoi une analyse de risques doit être faite pour déterminer des méthodes de travail sécuritaires dans tous les cas où ces machines pourraient se trouver en présence de travailleurs.
Notons que tout employeur a l’obligation légale de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. L’employeur et les travailleurs doivent faire équipe pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suites de l’enquête
Dans un objectif de prévention et d’information, la CNESST transmettra les conclusions de son enquête au Comité paritaire de prévention du secteur forestier afin qu’il sensibilise ses membres. De plus, dans le cadre de son partenariat avec la CNESST visant l’intégration de la santé et de la sécurité au travail dans la formation professionnelle et technique, le ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche diffusera, à titre informatif et à des fins pédagogiques, le rapport d’enquête dans les établissements qui offrent le programme Abattage manuel et débardage forestier.
Au Québec, depuis 5 ans, 28 travailleurs piétons ont été heurtés mortellement par un véhicule en mouvement. Uniquement dans la région du Saguenay−Lac-Saint-Jean, ce sont 2 travailleurs piétons qui ont perdu la vie dans de tels accidents.