Un arpenteur surveillant de chantier perd la vie au travail : la CSST dévoile les résultats de son enquête
Drummondville, le 10 décembre 2015
Le 23 juillet 2015, M. Francis Précourt, arpenteur surveillant de chantier, perd la vie au travail lorsqu’il se fait heurter, puis écraser par les chenilles d’un bouteur (« bulldozer ») sur le chantier de réfection de la chaussée de la route 255, à Drummondville. Parmi les causes à l’origine de l’accident, la CSST identifie une mauvaise communication lors des opérations sur le chantier.
La CSST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête et rappelle à tous les employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien repérer les dangers, d’en informer les travailleurs et de mettre en place des moyens pour les éliminer. Rappelons qu’entre 2010 et 2014, au Québec, 29 travailleurs sont décédés après avoir été heurtés par un véhicule ou un équipement mobile.
L’arpenteur surveillant de chantier se fait heurter par le bouteur
Le matin du 23 juillet 2015 débutent les travaux d’excavation d’une nouvelle phase sur la chaussée du chantier de réfection de la route 255, à Drummondville. L’arpenteur se présente sur le chantier afin d’y effectuer des relevés de niveaux finaux de la zone excavée. Au moment où il s’apprête à effectuer un relevé au centre de la voie de gauche, le bouteur, situé à environ 20 mètres en amont, effectue une manœuvre de recul. L’opérateur ne regarde pas à l’arrière durant cette manœuvre, mais bien de chaque côté de la lame à l’avant du véhicule. L’arpenteur, se trouvant dans la trajectoire de recul du bouteur, se fait heurter par celui-ci. Il perd alors l’équilibre, glisse sous la chenille droite du bouteur et se fait écraser. Il est transporté à l’hôpital et succombe à ses blessures.
Mieux reconnaître les dangers
L’enquête de la CSST a permis d’identifier deux causes pour expliquer l’accident. D’abord, l’opérateur de bouteur nivelle la zone excavée alors que l’arpenteur surveillant effectue des relevés de niveaux finaux dans la même zone, sans communication entre les deux. Aussi, l’organisation du travail concernant la présence de travailleurs dans la zone de travail des équipements lourds est déficiente.
La CSST considère que l’entrepreneur et maître d’œuvre du chantier, Sintra inc., a agi de façon à compromettre la sécurité des travailleurs. En conséquence, un constat d’infraction lui a été délivré. Pour ce type d’infraction, l’amende peut varier de 16 124 $ à 64 495 $ pour une première offense, et de 32 248 $ à 161 240 $ en cas de récidive.
La CSST exige une procédure de travail sécuritaire
À la suite de cet accident, la CSST a interdit tout travail d’arpentage effectué par une firme d’arpentage externe sur le chantier. De plus, la CSST a demandé à l’entrepreneur maître d’œuvre d’élaborer une méthode de travail sécuritaire lors de la présence simultanée de travailleurs et d’équipements lourds dans une zone de travail. Finalement, à la demande de la CSST, une politique quant à la gestion des personnes présentes sur le chantier a été élaborée par l’entreprise. Cette politique fait en sorte que les représentants d’employeurs, les travailleurs, les consultants, les firmes externes, les sous-traitants et les organismes publics devant se présenter sur un chantier en cours sont pris en charge par l’entreprise.
Mesures de prévention
Pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise, la CSST transmettra les résultats de son enquête aux partenaires suivants : l’Association de la construction du Québec, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure, l’Association patronale des entreprises en construction du Québec, l’Association des entrepreneurs en construction du Québec ainsi que l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. Celles-ci pourront sensibiliser leurs membres à l’importance de planifier la cohabitation entre les travailleurs et les équipements lourds sur un chantier, ainsi que sur les nouvelles modifications réglementaires concernant les manœuvres de recul des équipements lourds sur les chantiers qui seront bientôt en vigueur.
Entre 2010 et 2014, au Québec, 29 travailleurs sont décédés après avoir été heurtés par un véhicule ou un équipement mobile.